Grande vérité ou évidence scientifique, en regard du condom, les hommes ont une attitude différente de celle des femmes. Lui, il aurait une perception négative de la chose; elle, elle serait plus tolérante envers la capote l. Ce qui aurait pour conséquence que, sous la pression de leur chevalier, les femmes sont plus portées à renoncer à l'usage de ce genre de préservatif, renonçant du même coup à un certain contrôle sur leurs ébats amoureux.
Si telles sont les hypothèses reconnues à ce jour, ce n'est pas ce que disent les résultats d'une étude de l'équipe de Joseph Lévy de l'UQAM réalisée auprès de jeunes étudiants et étudiantes de cégeps anglophones québécois. « Les cégépiennes, au contraire, auraient le sentiment qu'elles possèdent une plus grande autonomie dans ce domaine et seraient donc plus à même de se protéger », affirmant ainsi de « mieux pouvoir contrôler l'usage du condom dans la relation ». Les chercheurs expliquent ce résultat par le fait qu'à cet égard, « les femmes fassent preuve de plus de préoccupation face à leur santé sexuelle que les hommes ».
Même si le condom n'a jamais été autant publicisé, son utilisation est toujours éclipsée par celle de la pilule qui, tout en permettant une plus grande spontanéité et disponibilité dans l'acte de l'amour, constitue une sorte de rempart contre la grossesse. Et comme le soutient l'équipe de l'UQAM, « pour les jeunes adultes, la prévention des grossesses est une préoccupation plus saillante que la protection contre les MTS et le sida ». Létude de Francine Dufort, de l'université Laval, confirme ce plus grand souci des jeunes envers la grossesse que des MTS et le sida. Elle démontre aussi que si la double protection (l'usage du condom pour lui, de la pilule pour elle, dans une même relation sexuelle) est bien perçue par la jeunesse québécoise, du chemin reste cependant à faire pour joindre le geste à la parole.
Tout sexologue vous le dira : une relation sexuelle épanouie passe par une bonne communication entre les partenaires. Or, voilà que les résultats de la recherche de l'équipe de J. Lévy vont dans le sens contraire. Chez les sujets de l'étude, on constate que « les garçons qui ont recours à l'évitement comme style de communication prennent davantage l'initiative face à l'utilisation du condom », relation qui n'existerait pas chez les filles. « Cette absence de communication, poursuivent les auteurs de l'étude, semble se définir comme une stratégie efficace pour privilégier l'utilisation du condom lorsque, bien entendu, les hommes exercent leur pouvoir d'initiative dans ce domaine ». Est-ce à dire que l'expression « gros parleurs, petits faiseurs » serait concluante entre les draps ?
Risques face au sida, relations de pouvoir et styles de communication sexuelle chez les étudiants et étudiantes des cégeps anglophones du Québec, Joseph J. Lévy, Joanne Otis, Jean-Marc Samson, département de sexologie, Université du Québec à Montréal, Janvier 1999.
La grossesse d l'adolescence et sa prévention : au-delà de la pensée magique! Francine Dufort, Édith Guilbert, Louise St-Laurent, École de psychologie, Université Laval, mai 2000.
Tiré de: Bulletin du Conseil québécois de la recherche sociale, Vol. 7 numéro 2, Octobre 2000