Les familles où règnent l'amour et le soutien mutuel influent favorablement sur la santé des adolescents, affirme un organisme de recherche de la Colombie-Britannique. Selon le Dr. Roger Tonkin, directeur général de la McCreary Centre Society, une organisation non gouvernementale et sans but lucratif de Burnaby, la recherche démontre que « ce sont les actions de la famille et de l'école qui font la différence ». En 1999, la McCreary Centre Society a publié Healthy Connections, une vaste enquête réalisée auprès de 26 000 étudiants. L'enquête révèle que les jeunes sont nettement moins susceptibles de prendre des risques lorsqu'ils se sentent aimés de leurs parents et de leurs professeurs et estiment bénéficier d'un traitement équitable. Il s'agit de la deuxième enquête d'envergure surfa santé des jeunes et la plus vaste jamais menée en C.-B. La première enquête de ce centre dans ce domaine remonte à 1992. « Les jeunes du Canada jouissent en général d'une bonne santé », déclare Dr. Tonkin.
D'après l'enquête :
Selon Dr. Tonkin, le programme national canadien met l'accent sur les enfants de moins de 5 ans, mais les résultats de l'enquête révèlent que la solidité des liens au sein de la famille, de la communauté et à l'école s'avère tout aussi importante pour les jeunes. « La famille forte donne aux jeunes le ressort nécessaire pour se sortir des situations difficiles », affirme Dr. Tonkin. « L'enquête a révélé que 45 % des adolescents ont essayé la cigarette, mais que seulement 15 % d'entre eux fument régulièrement. » «Alors, poursuit Dr. Tonkin, qu'est-ce qui a donc décidé la majorité des jeunes à se limiter à l'expérimentation de la cigarette? »
Cependant, tout ne va pas si bien dans la santé des adolescents. « En effet, la hausse dans l'usage de la marijuana constitue un grave problème », déclare Dr. Tonkin.Selon l'enquête sur la santé de 1999, qui a porté sur les jeunes de la 7e à la 12e année en 1998, 40 % des adolescents ont consommé de la marijuana, soit 25 % de plus qu'en 1992. En outre, 13 % des répondants en avaient consommé au moins 40 fois, comparativement à 6 % en 1992. Vingt pour cent des jeunes de 13 ans interrogés en 1998 avaient consommé de la marijuana comparativement à 10 % en 1992. Dans la catégorie des 17 ans, 58 % avaient consommé de la marijuana en 1998 contre 39 % en 1992. « Ces hausses sont vraiment substantielles », s'inquiète Dr. Tonkin. Pour lui, elles sont attribuables à un certain nombre de facteurs, incluant les récents débats nationaux autour de l'utilisation de la marijuana à des fins thérapeutiques, la tolérance à l'égard des athlètes olympiques reconnus coupables d'avoir utilisé cette substance et la croyance populaire voulant que la marijuana soit une drogue récréative plus sécuritaire que l'alcool. « C'est un peu alarmant de constater que les enfants commencent à consommer de la marijuana à un si jeune âge et aussi souvent », ajoute Dr. Tonkin. En outre, « la marijuana d'aujourd'hui est plus puissante que dans les années 1960 et le début des années 1970, époque où nombre des parents de ces jeunes auraient pu l'essayer ». « Nous nous demandons si cette situation est tolérable à l'échelle du Canada », affirme Dr. Tonkin. Les chercheurs ignorent le lien entre le contact avec la marijuana, l'école buisonnière et la violence. « Nous ne pouvons certainement pas joué à l'autruche et dire que la marijuana n'est qu'une drogue douce sans gravité », dit-il. Il estime en outre que la réaction du public à ce phénomène est « inquiétante ». « Les jeunes agissent en fonction des attitudes sociétales prédominantes », affame Dr. Tonkin. « Par exemple, la diminution de l'activité sexuelle chez les jeunes reflète un changement dans l'attitude de la société », constate Dr. Tonkin.
Les conclusions du rapport ont été disséminées dans les forums sur la santé des jeunes partout en Colombie-Britannique. Les forums évaluent les conclusions de l'enquête et font des recommandations. « Le processus est en cours et on en rendra compte dans un rapport », dit-il. En retournant les résultats de l'enquête aux jeunes, on contribue à changer le climat social.
Tiré de: Familles & Santé, Vol. 13, Septembre 2000