La frénésie du jeu chez les jeunes

Dominique Nancy

"Les enfants impulsifs sont à risque pour ce qui est à la fois du jeu, de l'abus de drogues et de la délinquance." C'est l'avis de Frank Vitaro, professeur à l'École de psychoéducation. À la recherche de liens entre le jeu et les autres dépendances chez les jeunes, le chercheur a noté la présence de trois facteurs: la personnalité, les pratiques et caractéristiques parentales ainsi que le profil comportemental des amis. "Cela représente 50% des liens entre les différents problèmes d'adaptation à l'adolescence, estime-t-il. L'autre moitié provient d'autres facteurs de risque liés aux problèmes socioéconomiques ou à des variables particulières."

Conférencier au Colloque scientifique sur le jeu et les jeunes, organisé par des professeurs de l'Université de Montréal en janvier dernier, M. Vitaro a présenté les résultats d'une étude menée en collaboration avec d'autres chercheurs du Groupe de recherche sur l'inadaptation psychosociale chez l'enfant. Les données recueillies auprès de 1000 adolescents, âgés de 15 à 17 ans, démontrent que la consommation de psychotropes, la délinquance et les problèmes de jeu ne sont pas des comportements qui influent les uns sur les autres.

"Le fait d'être délinquant ne signifie pas une augmentation de la consommation de drogues ou l'apparition du jeu pathologique, signale Frank Vitaro. Mais ces problèmes sont reliés les uns aux autres, notamment par le caractère impulsif et l'hyperactivité de ces jeunes." Le milieu familial joue également un rôle important pour ce qui est de l'engouement pour les jeux de hasard. Au-delà des facteurs socioéconomiques, la combinaison d'une attitude favorable au jeu et de difficultés de communication à l'intérieur de la famille risque d'avoir un effet sur le comportement des enfants.

Les garçons sont beaucoup plus nombreux à avoir la frénésie du jeu. Selon l'étude du chercheur, 5% des garçons interrogés, soit une cinquantaine, éprouvent même de sérieux problèmes à l'égard du jeu. La passion du jeu touche seulement 2% des filles.

"Le jeu compulsif, reconnu depuis peu comme une maladie pathologique, peut avoir de graves conséquences sur la vie des jeunes, soutient Frank Vitaro. D'où l'importance de sensibiliser les parents à la dépendance aux jeux de hasard et de l'argent et de concevoir des programmes de prévention."

Reproduit du journal de l’Université de Montréal: Forum, 20 mars 2000.