Je leur parle, mais... cela les intéresse-t-il? Comment rejoindre les garçons en éducation sexuelle?

Par Suzie Matteau, sexologue éducatrice
en collaboration avec Richard Cloutier, CQCS, Jean-Yves Daigle, Ministère de l’Éducation du Québec et Francine Duquet, professeure en sexologie, UQAM.

Comment rejoindre les garçons? Notre discours en éducation sexuelle, en prévention des MTS-Sida et de la grossesse rejoint-il les préoccupations des garçons? Pourquoi a-t-on l'impression que les garçons se sentent moins concernés? "Le défi actuel est l'intégration des garçons et des adolescents dans la démarche d'éducation sexuelle" (Désaulniers, 1994 cité dans Désaulniers, 1995: 98).

Les attentes des garçons et des filles face à la sexualité peuvent être fort différentes. En tant intervenant(e) auprès des jeunes, nous nous butons parfois à une indifférence de la part des garçons. Convaincus et bien intentionnés, nous leur parlons et nous leur enseignons les thèmes de la sexualité et de l'amour. Malheureusement, il nous arrive de ressentir l'impression désagréable de ne pas les atteindre. Malgré nos énergies déployées, ils restent, souvent, impassibles. Ce que nous leur racontons ne leur semble pas intéressant... et pourtant à nos yeux, ce l'est !!

Le discours de la sexualité et l’éducation sexuelle

Le discours de la sexualité apparaît alors être à deux vitesses: une première celle des intervenant(e)s et une seconde celle des jeunes garçons. Notre discours d'intervenant(e) est un discours d'adulte... un discours souvent féminin... et parfois même un discours politiquement correct... Il est fréquemment teinté de responsabilité, de prise de décision et de conduites dites rationnelles, de protection et de prévention. Nous parlons aux adolescents de responsabilité alors qu'eux sont préoccupés par le plaisir, le risque et l'aventure. Nous demandons aux jeunes d'être attentifs à l'autre et respectueux de l'autre alors qu'ils sont centrés sur eux-mêmes.

Les garçons de cet âge sont généralement animés par la recherche de satisfaction des besoins personnels et le désir d'être adulte, de faire adulte, d'être cool... L'égocentrisme, le plaisir, le risque, l'aventure, la découverte, etc. caractérisent les adolescents (Thériault, 1996; Thériault, 1994). Ils sont réfractaires aux messages moralisateurs, conservateurs et puritains (Eisenman, 1994; Olsen & al., 1992a; Olsen & al., 1992b; DSC-HGM, 1991).

D'autre part, l'ensemble de notre message d'intervenant(e)s aurait davantage visé les filles. Initialement, ce sont elles que nous tentions de protéger... de la grossesse, des complications liées aux MTS, etc. (Duquet, 1997a; Désaulniers, 1996; Drolet, 1996; Dafoe-Whitehead, 1994). Nous-mêmes avons agi, en partie, de manière stéréotypée et ciblée sur les filles. Auparavant, les garçons étaient absents de notre éducation préventive (Drolet, 1996). Depuis, nous tentons de nous rattraper afin de les intégrer dans nos actions et de leur permettre de prendre une place dans une prévention partagée des grossesses et des MTS/Sida. Tout cela ne signifie pas de discréditer la nature de nos messages. Pour rejoindre les garçons, il s'agit plutôt d'en revoir le véhicule. Rappelons qu'il y a un consensus social autour des valeurs présentes en éducation sexuelle (Désaulniers, 1995) et elles doivent continuer de sous-tendre notre intervention éducative. Il s'agit de respect, de responsabilité, de communication et d'égalité.

La sexualité et les différences garçons et filles "Moi Tarzan, toi Jane..." (Robert Charlebois)

Les garçons et les filles ne vivent pas leur développement psychosexuel et leur expression sexuelle tout à fait de la même façon. Ils sont différents. Parfois, ces différences donnent aux éducateurs du fil à retordre...

Moi Tarzan...

Lorsque interrogés, les garçons (12 à 17 ans) disent accorder plus d'importance à une sexualité abondante, compétente et flyée (Samson & Otis, 1996). Ils recherchent des activités d'excitation sexuelle et vivent une sexualité axée sur la gratification sexuelle (Haltfield & al., 1988). Pour plusieurs adolescents, la génitalité réfère davantage au plaisir et à la satisfaction physique qu'à l'engagement et à l'amour. De plus, les garçons manifestent une attitude plus individualiste et plus impersonnelle dans leur relation avec les autres (De Gaston, 1996). L'image face au groupe d'amis est souvent un moteur dans leurs conduites sexuelles. En caricaturant, on a parfois l'impression que pour certains d'entre eux, faire l'amour avec une fille renvoie plus au rapport à sa gang qu'au rapport à sa blonde... Alors que pour la plupart des filles, faire l'amour avec son chum réfère directement à l'engagement et à l'investissement dans la relation avec celui-ci et non pas à la gang. Par ailleurs, les gars ayant eu des relations sexuelles, présentent un haut niveau d'estime de soi, ce qui n'est pas le cas chez les filles (King & al., 1988 cité dans Matika-Tyndale & Lévy, 1992). Enfin, nous constatons toujours que plusieurs garçons manifestent plus souvent une attitude d'indifférence concernant les notions de risque et de responsabilité face à la grossesse et aux MTS/Sida (Drolet, 1996; Cloutier, 1993).

... toi Jane

La relation sexuelle pour une majorité de filles représente l'engagement à l'autre. Haltfield & al. (1988) précisent que la sexualité est davantage centrée sur la relation à l'autre plutôt que sur la relation génitale; d'ailleurs, leur satisfaction d'une expérience sexuelle renvoie plus à la notion d'harmonie et de sentiment avec le partenaire qu'à la notion de plaisir génital proprement dit. En d'autres termes, les filles semblent préférer une sexualité axée sur l'expression d'affection entre deux partenaires engagés. Elles recherchent, dans la relation sexuelle, des symboles d'amour et d'engagement (Haltfield & al., 1988). Elles perçoivent le monde en termes de rapprochement et de relations interpersonnelles (De Gaston, 1996). En somme, elles valorisent une sexualité amoureuse, harmonieuse, attentionnée et rassurante (Samson & Otis, 1996).

D'autre part, la passivité souvent attribuée aux filles s'est peu à peu transformée en activité, parfois... au service des garçons. Or, plutôt que d'attendre béatement le garçon rêvé et de répondre aux désirs de ce dernier, la fille agit pour le satisfaire non pas dans le but de vivre avec lui une relation sexuelle plaisante mais dans le but de ne pas le perdre (Duquet, 1997b). On comprend mieux alors que le but visé de la relation sexuelle chez certaines filles est davantage la gratification affective obtenue par la gratification sexuelle (Dubois & Delune, 1986).

Comprendre ces différences

Les garçons et les filles sont socialisés différemment; il en découle des comportements, des attitudes et des intérêts différents. C'est ainsi que les approches psychosociales et féministes expliquent cet écart entre les garçons et les filles: une éducation sexuelle stéréotypée et un double standard sexuel (Drolet, 1996; Désaulniers, 1996; Chorodow, 1989; Haltfield & al., 1988; Matteau, 1987; Simon & Gagnon, 1987; Reiss, 1986). Notre société et, nous-mêmes en tant qu'adulte, proposons, consciemment ou non, ces codes, ces stéréotypes et ces apprentissages à nos jeunes et ce, dès leur enfance.

De plus, l'adolescence est une période marquée par l'identification et l'imitation; le conformisme ciblé. Les jeunes se servent de modèles et de référents pour affermir leur identité féminine et masculine. À cet âge, les stéréotypes et les rôles sexuels ont une signification importante. Les médias leur présentent des images de performance, de génitalité et de rôles sexuels stéréotypés (Duquet, 1997b: Richard-Bessette, 1995). Un exemple de double standard sexuel est le rapport homme - femme présenté dans la publicité. Cette dernière met en opposition masculinité/féminité, activité/passivité et conquérant/conquise (Williamson, 1994). On y voit un homme agissant et une femme attendant. Au regard de cet apprentissage stéréotypé et sexiste, les jeunes se retrouvent malheureusement pris dans des rôles gars-fille, parfois bien campés. C'est ce que Drolet (1996) appelle le malaise des garçons et le malaise des filles. Les garçons vivent une difficulté à discuter avec leur partenaire. Pour eux, discuter signifie insister; insister à s'engager dans une relation sexuelle notamment. Alors que pour les filles, le malaise face aux relations sexuelles se traduit par la difficulté de s'affirmer auprès de leur partenaire (Drolet, 1996).

En somme, entre Tarzan et Jane, ceci signifie que chez les filles, c'est l'érotisation de la romance... alors que chez les gars, c'est l'érotisation du plaisir... (Reiss, 1986). En d'autres mots, les filles donnent du sexe pour avoir de l'amour et les gars donnent de l'amour pour avoir du sexe (Matteau, 1987).

Réfléchir sur notre façon de faire

"Une éducation sexuelle non sexiste qui fait du sens à la fois pour les garçons et pour les filles, reste un défi de taille" (Duquet, 1997a).

Notre discours en éducation sexuelle aurait-il nié les préoccupations et réalités masculines au profit des préoccupations et réalités féminines? Aurions-nous valorisé, consciemment ou non, une expression "rose et féminine" de la sexualité au détriment d'une expression "bleue et masculine" de la sexualité?

Nous savons qu'une proportion importante d'intervenant(e)s sont des femmes. Conséquemment, il est pertinent de s'interroger sur cette éducation sexuée, c'est-à-dire une éducation donnée majoritairement par des femmes. Le discours est alors orienté, consciemment ou non, par les besoins, les attitudes, les valeurs de ces dernières. C'est ce que nous avons appelé un discours féminin en début de texte. Ainsi, cette éducation sexuelle féminisée peut rencontrer des difficultés à être significative pour les garçons et à les rejoindre... Il ne faut pourtant pas se méprendre sur le discours des intervenants masculins. Plusieurs d'entre eux vivent aussi ces difficultés. Leur discours peut tout aussi bien être féministe et politiquement correct tel celui des femmes. Or, c'est non seulement en tant que femme ou homme que nous sommes interpellés mais plutôt en tant qu'adulte; adulte guide auprès des jeunes. De plus, nous avons parfois l'impression que les besoins et les visions de l'adulte semblent s'opposer aux visions et aux besoins du jeune. En effet, nous avons une difficulté à marier et à harmoniser les messages privilégiés de l'éducation sexuelle tels la responsabilité, le respect, l'égalité et le plaisir partagé et la réalité de l'adolescent soit le plaisir et la quête du statut. Comment dès lors guider et faire réfléchir les gars sur leur sexualité? (Désaulniers, 1995).

La difficulté réside dans le double défi. Le premier défi est celui d'atteindre et de rejoindre les garçons, pour, par la suite, les guider dans leur réflexion sur la sexualité. En fait, il ne s'agit pas d'être, de dire et de faire comme les garçons pour arriver à les rejoindre. Il ne s'agit pas non plus de changer notre façon d'être mais plutôt de revoir notre approche auprès d'eux...

Prenons l'exemple du langage. Les adolescents ont souvent un langage cru et provocateur. Leur discours est populaire, familier, direct et parfois vulgaire (Désaulniers, 1995; DSC-HGM, 1991). Par ailleurs, le langage utilisé pour parler de sexualité est révélateur d'attitudes, de valeurs et de conceptions de la sexualité. Notre rôle est précisément d'entendre ce langage et de tenter d'en décoder le sens. Notre réponse leur proposera alors un langage direct, précis, simple et positif. En somme, notre tâche d’intervenant(e) est d'accueillir leur réalité sans la nier.

La stratégie pour les rejoindre (premier défi) n'est généralement et malheureusement pas suffisante pour les amener plus loin (deuxième défi). Il y a cependant des exemples de ce mixage: le marketing du lait: "Je bois mon lait (responsabilité, santé) comme ça me plaît (autonomie, affirmation, indépendance, adulte)". La publicité des céréales Mini-Weats joue aussi sur deux oppositions: le blé entier (santé, responsabilité) et le sucré (plaisir, frivolité). Or, comment transposer ces exemples simples en éducation sexuelle... tout en considérant que la sexualité réfère à des dimensions affectives et impliquantes émotionnellement? (Dupras, 1996). Peut-on maintenir un discours féministe sans qu'il ne soit que féminin et sans qu'il n'évacue l'expression masculine de la sexualité? Comment notre intervention peut-elle tenir compte de l'éducation sexuelle stéréotypée tout en tentant de briser ce cadre parfois étouffant? En d'autres mots, comment rejoindre les garçons sans proposer un moule hermétique de la masculinité?

Pistes d’intervention

Lors d'une expérience de travail de rue auprès des adolescents en difficulté de St-Henri, j'ai rencontré beaucoup d'obstacles à créer des liens significatifs avec les garçons; ce qui n'était pas le cas avec les filles. Les garçons ne se reconnaissaient pas en moi. Je correspondais peu aux modèles féminins connus ou idéalisés pour eux. L'attitude générale de ces jeunes étaient très stéréotypée... Au début, je me suis beaucoup remise en question. Dois-je parler comme eux? Dois-je m'habiller comme eux? Dois-je partager les mêmes intérêts qu'eux? Eux et moi vivions un écart culturel important. Puis, progressivement, ma façon de les approcher a changé. Je parlais moins. J'initiais des échanges physiques telle une tape sur l'épaule. Je les bousculais sous forme de jeu. Je leur parlais de voiture, de musique, de vêtement, de sport. En fait, au début, j'investissais le plus possible leur univers en détectant leurs intérêts et en mettant de côté temporairement l'intervention. Je devais créer un lien avec ces jeunes pour ensuite intervenir auprès de ces jeunes. Puis, une fois le lien créé, là, seulement, ils me laissaient les approcher émotionnellement et je pouvais alors aborder les dimensions affectives de leur quotidien.

Cette situation a eu lieu dans un contexte d'éducation informelle et hors scolaire. Néanmoins, elle illustre certaines des difficultés à rejoindre les garçons. Elle schématise des pistes d'action dans lesquelles l'intervenant(e) peut puiser et s'inspirer afin de voir ce qui peut être applicable dans un autre contexte.

Des approches pour rejoindre les garçons...

"L'éducation sexuelle est plutôt pour chaque personne une découverte de la signification de la sexualité dans sa vie de garçon ou de fille, (...)" (Désaulniers, 1990: 91). Il s'agit de permettre l'expression masculine et féminine dans ses différences et non pas d'éliminer l'une pour qu'elle devienne l'autre; favoriser le dialogue et l'échange, le respect des différences plutôt que la féminisation de la sexualité. Les jeunes veulent parler franchement de leur vie sexuelle, des relations gars-filles, etc. (Désaulniers, 1995). Dans leurs mots, cela signifie de permettre aux gars d'entendre des affaires de gars sur les gars tout en leur permettant d'entendre des affaires de filles par les filles pour illustrer les ressemblances et les différences afin de mieux se comprendre.

Première activité pour jeunes de 12 à 17 ans. Les motivations à avoir une relation sexuelle

N.B. Il est suggéré que l'activité soit dirigée par deux intervenants, une femme et un homme. La femme anime le groupe des filles et l'homme anime le groupe des garçons. La co-animation mixte a pour but de créer un renforcement et une solidarité masculine d'une part et féminine d'autre part. Cela permet aussi de dynamiser et d'illustrer les différences de genres lors des échanges. Il peut s'avérer difficile de synchroniser les horaires avec celui d'un(e) collègue. Si tel est le cas, ne vous privez-pas de l'activité pour autant. Il s'agit, dès lors, d'être sensible aux différences exprimées par les deux sexes et de bien les dégager dans la discussion.

Objectifs d'intervention

Le thème choisi, soit les motivations à avoir une relation sexuelle, est tout aussi significatif pour les garçons que pour les filles. Notamment, ce thème permet activement d'explorer l'influence des stéréotypes sexuels sur nos jeunes. Les attitudes et conduites sexuelles des garçons et des filles sont rapidement exprimées. Il est alors plus aisé de travailler ces éléments de réponse apportés par les jeunes.

Les garçons et les filles auront à travailler en groupe non mixte. En créant un groupe de garçons et un groupe de filles, nous donnons un espace et un moment à l'expression de la masculinité. Nous souhaitons créer un climat de solidarité, de fierté et d'appartenance masculine. De plus, nous croyons que les garçons apprécieront la formule et qu'ils s'impliqueront dans l'activité. Cependant, cette formule peut accentuer, parfois jusqu'au débordement, le sentiment masculin stéréotypé.

Le rôle de l'intervenant(e) présent dans le groupe des garçons est alors fort important. Il(elle) peut profiter de cette situation pour confronter les jeunes. Il(elle) peut dégager: les propos sexistes, pressions stéréotypées, l'influence de la gang, le goût du risque, la difficulté à discuter avec sa partenaire, etc. et demander aux jeunes de se positionner face à ceci. Cet exercice permet aux jeunes de se situer personnellement ainsi que de critiquer et nuancer des idées émises. En gang, les garçons exagèrent souvent leurs conduites sexuelles et ce, au delà de ce qu'ils vivent réellement et au delà de ce qu'ils expriment individuellement (Drolet, 1996). L'intervenant(e) travaille directement sur leurs attitudes quant à la sexualité. En effet, ces échanges peuvent se révéler très intéressants tout en étant pédagogiques et éducatifs. Une fois le travail en équipe non mixte terminé, les deux groupes se réunissent et mettent en commun leurs éléments de réponse. D'une part, nous souhaitons que les garçons et les filles puissent se rencontrer, qu'ils puissent entendre ce que l'autre sexe a à dire et que des ponts soient créés. Les jeunes, pour la plupart, aiment connaître l'opinion de l'autre sexe sur la sexualité et l'amour (Drolet, 1996). De plus, il est fort probable et souhaitable que le groupe du sexe opposé réagisse aux attitudes stéréotypées et sexistes émises. Ainsi, les jeunes questionneront eux-mêmes des modèles de conduites sexuelles plutôt que d'en recevoir la consigne par un adulte (Drolet, 1996). En d'autres termes, nous espérons que cette discussion entre adolescents permette la créativité des jeunes pour explorer eux-mêmes des solutions alternatives aux impasses qu'ils vivent (Drolet, 1996; Dupras, 1996; Ardoino, 1996 cité dans Bouchard, 1997; Pourtois & Desmet, 1996 cité dans Bouchard, 1997). Ces échanges entre gars et filles sont une belle opportunité pour confronter les jeunes, gars et filles, sur leurs stéréotypes traditionnels émis en première partie. Puis, il s'agit alors d'illustrer les désirs communs, les ambiguïtés de part et d'autre et de se parler le plus ouvertement (Drolet, 1996).

Objectif général. Réfléchir sur les différentes motivations qu'ont les gars et qu'ont les filles à avoir une relation sexuelle.

Objectifs spécifiques. Les jeunes sont amenés à: Déroulement

1. Annoncer le thème de la rencontre et le rôle de chacun des intervenants et demander aux élèves de se regrouper en deux groupes non-mixtes. (7 minutes)
2. L'intervenant-homme anime l'échange des garçons et l'intervenante-femme anime le groupe des filles.
Si l'activité se déroule avec un(e) seul(e) intervenant(e), celui-ci(celle-ci) donne les consignes à tous les élèves garçons et filles et circulent dans les deux groupes afin de relancer et encadrer les discussions.

MOI TARZAN...

Inviter les garçons à identifier les motivations qu'ils peuvent avoir à s'engager dans les relations sexuelles. L'intervenant prend note des réponses apportées (ou le demande à un élève). Il gère les échanges, assure le droit de parole à tous et interpelle les plus discrets. Au besoin, utiliser la feuille-support pour relancer les garçons.

Questions support à l'animation: ...TOI JANE

Inviter les filles à identifier les motivations qu'elles peuvent avoir à s'engager dans les relations sexuelles. L'intervenante prend note des réponses apportées (ou le demande à une élève). Elle gère les échanges, assure le droit de parole à toutes et interpelle les plus discrètes. Au besoin, utiliser la feuille-support pour relancer les filles.

Questions support à l'animation: Retour en grand groupe (3 minutes)

3. Inviter les deux groupes à partager avec l'ensemble de la classe les motivations qu'ils ont trouvées. Diviser le tableau en trois parties. À gauche, écrire les motivations des garçons à avoir dans les relations sexuelles et à droite, écrire les motivations des filles à avoir des relations sexuelles. Pendant que l'intervenant-homme assure auprès des garçons le partage des informations, l'intervenante-femme les écrit au tableau, et vice versa.

Si l'activité a lieu à un(e) seul(e) intervenant(e), celui-ci(celle-ci) assure la collecte des informations. Un garçon peut écrire les réponses des garçons et puis une fille peut faire de même pour les réponses des filles. (5 minutes)

4. Avec les jeunes, identifier les motivations communes aux deux sexes et les déplacer dans la colonne centrale du tableau. À l'aide de ces trois colonnes, illustrer les différences et les ressemblances des gars et des filles. Relancer au groupe le défi de se rejoindre, de se comprendre, de faire ensemble.

Questions support à l'animation:

Identification de la situation:
Que pensez-vous des motivations propres aux gars? puis celles propres aux filles?
Que pensez-vous des motivations propres aux gars et aux filles?
En quoi les différentes motivations des gars et des filles peuvent parfois être un problème?

Voir les solutions possibles:
Qu'est-ce qu'un gars peut faire dans cette situation problème?
Qu'est-ce qu'une fille peut faire dans cette situation problème?
Qu'est-ce qu'un gars et une fille peuvent faire ensemble pour régler ce problème?
Si vous aviez à conseiller votre ami(e) dans cette situation, que lui diriez-vous?

Choisir les meilleures:
Quelles seraient la ou les meilleure(s) chose(s) à faire si c'était vous qui viviez la situation? (20 minutes)

5. Conclure la rencontre. Dégager les points importants de la discussion qu'ont eu les garçons et les filles dans leur groupe respectif et dégager les points importants de la discussion en grand groupe. (5 minutes)

Feuille-support

La feuillle support est une liste de motivations que les jeunes peuvent avoir à s'engager dans les relations sexuelles. Elle permet seulement à l'intervenant(e) de s'y référer pour alimenter la discussion au besoin. Les motivations ne sont pas toutes du même ordre, ni de la même catégorie et elles ne sont pas hiérarchisées.

Motivations à avoir sa première relation sexuelle Deuxième activité

L’activité pédagogique a été réalisée par Francine Duquet, sexologue-éducatrice, professeure au département de sexologie de l’UQAM
L’enseignant(e) indique aux élèves le thème de la rencontre d’aujourd’hui:  “ On veut tout savoir sur les gars ”

1) 10 minutes. En équipe non-mixte de 3 ou 4 personnes, demandez aux élèves de décrire : “ un gars  en amour ”.

2) 15 minutes. L’enseignant(e) divise le tableau en deux pour y inscrire d’un côté les perceptions des filles et de l’autre, celles des garçons. Débutez par les équipes de garçons (c’est leur journée, après tout….). Puis, animez une plénière.

3) 15 minutes. En équipe mixte de 3 ou 4 personnes, les élèves discutent de la mise en situation suivante :

Alexandre, Marc et Simon sont de grands amis. Depuis quelques semaines, Simon semble bizarre. Il vient moins souvent aux pratiques de hockey et il n’est plus aussi naturel qu’avant avec ses copains surtout lorsqu’il y a des filles aux alentours. Alexandre et Marc soupçonnent que Simon soit amoureux, sans pourtant savoir qui serait l’heureuse élue….. Ils décident donc de mener leur propre enquête. C’est Marc qui débute l’interrogatoire : “ Et la petite Sophie dans le cours de math, tu la trouves de ton goût, hein? ”. “ À moins que ce ne soit la belle Geneviève, elle est pas mal non plus. Le look : Pamela Anderson, c’est génial!! ”, de poursuivre Alexandre. Simon ne réagit pas. Les deux amis ne lâchent pas prise : “ Bon, avoue donc que c’est Caroline qui t’intéresse. Mais tu sais, tu devrais plutôt coucher avec Stéphanie, il paraît qu’elle est assez facile. Et puis ça te ferait une bonne pratique pour Caroline ”. Marc et Alexandre partent à rire. Simon en colère, leur répond : “ Bande d’imbéciles!! ” et s’en va.

4) 10 minutes. Plénière : 5) 5 minutes. Exposé informel

Il est parfois embarrassant pour un garçon de dire qu’il est amoureux, de peur que ses copains se moquent ou n’approuvent pas son choix. Et si ses amis réduisent son sentiment amoureux à l’aspect sexuel de la relation, cela devient encore plus difficile de s’ouvrir le coeur. On ne tombe pas amoureux d’un “ objet sexuel ”, mais d’une personne qui nous plaît, qui nous charme. C’est la raison pour laquelle il est blessant d’entendre des blagues vulgaires à propos de la personne qu’on aime. Certains garçons vont préférer mettre fin à la relation plutôt que d’affronter leurs amis. D’autres vont réagir, tel que Simon, pour signifier aux autres qu’il y a une limite à ne pas franchir. Dans la mise en situation, Marc et Alexandre ont un jugement sévère à propos des filles, et ce jugement est basé sur des préjugés et des racontars. Il est facile de faire porter une étiquette aux autres. D’ailleurs, demandez à vos amis quelles impressions ils avaient de vous, la première fois qu’ils vous ont vu. Une première impression est souvent incomplète. Et lorsque nos propres amis ridiculisent la personne aimée, c’est comme si on nous laissait savoir qu’on a fait un mauvais choix.

Ainsi, sachez faire la différence entre ce que vous dites, ce que vous pensez et ce que vous savez réellement. Sachez aussi faire la différence entre une “ bonne blague ” et un commentaire blessant ou humiliant. Les garçons ne sont pas des “ durs ” simplement parce qu’ils sont des garçons…!! Il est important d’être sensible à ce que ressent l’autre, et ce en commençant par nos amis. C’est un premier apprentissage du respect pour vos futures relations amoureuses. On dit souvent que les garçons de votre âge expriment moins leurs sentiments que les filles. Est-ce dû à l’éducation??? Chose certaine, cela prend du courage de dire réellement ce qu’on pense et de ne pas toujours craindre les commentaires des autres. Démontrer de la sensibilité, c’est aussi un signe de maturité. Et vous savez quoi? Non seulement, les filles espèrent connaître davantage ce côté de vous, mais adorent les gars “ naturels”, qui ne sont pas en train de jouer un rôle.

6) 10 minutes. Pour terminer, l’enseignant(e) distribue une feuille verte aux garçons et une feuille jaune aux filles. Bien que les feuilles seront ramassées, cet exercice demeure confidentiel et anonyme. Chaque élève doit décrire un couple qu’il considère “ sympathique ”. Ils peuvent décrire un couple d’adultes ou de leur âge, un couple de leur entourage ou un couple connu des médias.

Les réponses seront compilées et présentées au prochain cours. Et si la semaine prochaine, c’était le tour des filles?? “ On veut tout savoir sur les filles ”.

Lectures suggérées

Désaulniers, M.-P. (1995) Faire l'éducation sexuelle à l'école. Les Éditions Nouvelles, Montréal, 173p. Cet ouvrage répond aux nombreuses questions que pose l'éducation sexuelle à l'école. Plus que le savoir faire, l'auteur insiste sur le savoir être de l'intervenant dans cette tâche, parfois délicate, qu'est l'éducation sexuelle. En somme, elle répond habilement aux: qui, quoi, comment et pourquoi de l'éducation sexuelle à l'école. Les tableaux synthèses présentés en fin de chapitre font de ce volume un outil de référence unique, accessible, stimulant et rassurant.

Duquet, F. (1996). "En parler à l'école..." Informations sociales, no. 55, pp. 91-102. L'auteur soulève certaines préoccupations de l'éducation sexuelle à l'école. Pragmatique et concrète, elle présente plusieurs mises en situation. Aussi, elle propose une réflexion et des pistes d'action pour offrir une éducation sexuelle aux jeunes.

Duquet, F. (1997) "Qui trop embrasse, Mal étreint?? : Réagir au souci de performance sexuelle des jeunes adolescent(e)s" De tête et de coeur. Automne-Hiver, pp 11-13. L'auteur nous partage ses préoccupations et observations quant au souci de performance sexuelle, de plus en plus présent chez les adolescents. Brièvement, elle dégage les enjeux et les conséquences de cette quête de performance au lit chez nos jeunes. Ce thème est parfois très proche et sous-jacent aux motivations que peuvent avoir les adolescent(e) à s'engager dans une relation sexuelle.

Bibliographie Nota Bene. Une grande partie de cet article a été publié dans Le petit Magazine de la formation personnelle et sociale : Matteau, S. (1999) “Comment peut-on rejoindre les garçons? L’éducation sexuelle des filles et des garçons, des attentes bien différentes” Le petit Magazine de la formation personnelle et sociale Ministère de l’Éducation, direction de la Formation générale des jeunes et du ministère de la Santé et des Services sociaux, Centre québécois de la coordination sur le sida. Hiver, 6p.